vendredi, juin 30, 2006

Au royaume du marché aux puces


Au milieu de la violence, du désordre et de la bêtise, quelques lumières brillent en ce monde. En voici une, c'est Pierre Assouline.

Je sais, il écrit pour "Le Monde". Je sais, on se dit; "ah non, ça va être chiant, c'est pour les intellos".

Ben non.

Son blogue s'appelle "La République des livres" c'est le bar open idéal pour tous ceux qui adorent les idées, les histoires, les livres, leurs auteurs. Assouline tire à tous vents, s'enthousiasme pour un livre passionnant sur le foot autant que sur l'histoire d'Israël, un roman serbe, une saga japonaise. Il s'intéresse à tout avec chaleur et curiosité, à des années lumières de toute forme de snobisme. Et surtout, il a le don pour te donner envie de courir chez Renaud Bray acheter le livre dont il parle avec tant d'éloquence. Je sens que c'est un blogue qui va me couter cher...

Il y a deux sortes d'intellos, les mouillés et les secs. Assouline est un mouillé, c'est à dire un humaniste. Les secs, on s'en fout, qu'ils continuent de sécher.

Les autres sont là pour nous désaltérer. C'est beau un cerveau qui brille. Ça donne envie de se coucher moins niaiseux. Assouline est né à Casablanca de parents sépharades. Un juif en terre marocaine ça ne peut pas voir la vie en noir et blanc. Ça ne peut pas se prendre ni pour un cow boy, ni pour un indien. Je l'aime pour ça.

passouline.blog.lemonde.fr

(Désolée, je sais pas encore comment mettre les liens sur mon blogue, ça viendra)...

J'ai connu le blogue d'Assouline grâce à mon beau-père. Lui aussi, un intello. Un vrai. Je ne suis pas encore arrivée à dépasser la troisième page de sa thèse de doctorat sans dictionnaire. Il est aussi passablement mouillé. Il travaille au Rwanda et je crois qu'il aime ce pays plus que lui-même...

Je sais qu'ici, au Québec, on a parfois peur des intellos. Faut pas.

jeudi, juin 29, 2006

la vie, la vie, quelle vie?

Avertissement aux mamans qui ont de jeunes enfants et encore quelques illusions. Post perturbant, ne lisez pas plus loin si vous voulez conserver les dites illusions ou à tout le moins le minimum d'espoir pour continuer "jour après jour" (pensez Renée Martel). Je serai probablement de mauvaise foi, tenez vous le pour dit.

J'ai été une jeune mère... OK. Une très jeune mère. Mon fils a été plus grand que moi bien avant ma première ride. On m'a prise pour sa gardienne, sa soeur, sa blonde, rarement sa mère. Juste pour que les choses soient claires, il a été désiré, voulu, attendu. Dans l'inconscience la plus absolue mais désiré. Et aimé, en toute lucidité cette fois.

J'ai aussi été monoparentale. Pas "monoparentale tout le monde en parle" avec pension, maison, jardin, papa présent et un beau brushing tout frais. Non. Monoparentale pas de break, pas d'aide, pas de pension, pas de beau linge, pas le temps d'aller chez le coiffeur, le Fort Boyard de la parentalité.

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Si c'est vrai, je suis Hulk, Tarzan, King Kong.

J'ai aussi eu un fils "adoptif". Que j'ai aimé comme le mien. Je n'ai pas été Belle Mère avec lui comme je suis Belle Mère avec Belle Fille. Son père et moi n'avions rien d'autre en commun qu'une garderie extraordinaire, le bien être de nos fils et une course perpétuelle à l'organisation. On s'est aidés. Je m'occupais de son flo en même temps que du mien pendant qu'il faisait sa médecine. L'été, il louait des chalets et emmenait les garçons me permettant ainsi de souffler un peu. Qui a un médecin de famille aujourd'hui alors que tout le monde en cherche? Ben oui, des fois c'est payant la solidarité. Et les deux garçons sont toujours le meilleur ami de l'autre... 21 ans d'amitié indéfectible en 23 ans de vie, c'est ma meilleure histoire de garderie. Le docteur Chicoine? Ne me partez pas sur le docteur Chicoine, il me rend bête et méchante.

C'est ici que les filles qui ont des bébés et ou des illusions arrêtent de lire.

Je ne sais pas comment j'ai fait.

Je le sais tellement pas que j'ai l'impression qu'il s'agit de quelqu'un d'autre. Gagner ma vie, survivre, élever un enfant, payer le loyer, les légumes verts, les bottes d'hiver, les livres d'école, les sorties, la mite de baseball, c'est sans fin. Tu passes en dernier. Tu trouves ça normal. T'as un enfant, t'assumes. Ça n'enlève rien à l'amour même quand tu pognes les nerfs d'épuisement et d'exaspération parce qu'il sait plus où il a oublié-perdu ses runnings pour la troisième fois en un mois. Il m'est arrivé de sangloter sur une chaîne de trottoir devant ses yeux inquiets parce que je ne savais pas comment j'allais faire pour lui en racheter d'autres. C'est là que l'instinct maternel est encore plus fort que l'amour. Tu te démerdes.

J'ai des regrets que pas une photo de "bébé tellement cuuuuuute" ne saurait apaiser. Je suis passée à côté d'un paquet d'affaires juste parce que j'étais trop fatiguée. La réalisation est passée juste sous mon nez à un certain moment. J'avais l'âge, le profil, l'opportunité de le faire. Mais je ne voyais pas comment je pourrais arriver à concilier quinze heures sur un plateau et un enfant au primaire. Pire, à force de répéter les gestes du ménage, de la cuisine, de l'organisation quotidienne, mon cerveau était tatoué de la certitude que je ne méritais pas autre chose. Que je ne saurais pas faire autre chose. Qu'une femme qui abandonne son enfant pour aller faire quelque chose qu'elle aime est une salope. J'ai regardé des garçons de mon âge se lancer dans l'aventure avec la même absence de questionnement que moi quand je faisais les courses après la garderie. Je les ai vus se lancer à l'eau avec panache. Certains se sont noyés, d'autres nagent toujours. Je les enviais pour mourir. J'aurais donné n'importe quoi pour avoir des couilles et sauter avec eux, sans soutien-gorge.

Sauf mon fils.

Je ne voyais pas ça si clairement bien sûr... Quand t'es dedans, tu le fais sans te poser de question, ton enfant passe en premier, c'est un réflexe limbique. Je me dis aussi, avec mélancolie, que si Léonard avait été une femme, nous n'aurions jamais vu la Joconde.

Loin de moi l'idée de brandir le drapeau de la revendication. Je ne juge pas, je constate. Dur constat. Je sais, ça ne vous fait pas plaisir. À moi non plus.

C'est aujourd'hui alors que mon fils vient de partir de la maison pour aller vivre avec sa blonde que je mesure la portée des deuils que j'ai eu à faire. Ça me fait vraiment chier de l'admettre mais il y en a. On ne peut pas tout avoir, tout le temps. Et je trouve énervant au plus haut point ceux qui comparent "les beaux moments privilégiés avec ton enfant" à (prononcer à voix haute avec une pointe de dédain) "une carrière". Hey, c'est pas le même département! Ça ne se compare pas. Pis tant qu'à y être, faut arrêter de dire que les filles de carrière le font pour "la grosse cabane, les deux chars dans le driveway, le chalet, la piscine, la course folle à la consommation". Aussi subversif que ça puisse sembler, y'a du monde qui travaille par passion. Duh!

Avec l'arrivée de Belle Fille dans ma vie que je mesure à quel point j'ai donné tout ce que j'avais à donner dans le rayon enfant. À quel point il serait facile de disparaitre à nouveau. À quel point je ne veux plus disparaitre.


***

6 heures du matin. La maison dort encore. Mes meilleures heures de travail. Des petits pas dans l'escalier. Shitt, elle est debout. Dix ans mais avec ce qu'elle a vécu, l'autonomie d'une enfant de quatre ans. Elle a toujours besoin de quelqu'un à côté d'elle. Je ferme la porte du bureau, le seul endroit sacré de la maison, dans l'espoir de finir ma séquence. Un grattement de l'autre côté de la porte. Qui insiste. Elle s'en sacre du sacré. J'ouvre.

BELLE FILLE
Qu'est-ce que tu fais?

BELLE MÈRE
Je travaille.

BELLE FILLE
À cette heure-là?

Hochement de tête et yeux levés au ciel. À ses yeux, je fais dur.

BELLE FILLE
C'est quoi?

BELLE MÈRE
Un truc politique.

BELLE FILLE
C'est plate.

BELLE MÈRE
Oui. Probablement. Tu veux un bol de céréales?

BELLE FILLE
Oui. On joue à Scategories en déjeunant?

BELLE MÈRE
Non.

***

Juste non. Pas d'explication, pas de justification.

mercredi, juin 28, 2006

En attendant ma belle fille

C'est pareil qu'en attendant Godot, sauf que ma belle fille, elle, elle vient. Et elle reste. Deux mois. 9 semaines et demi, comme le film mais pas xxx même si à dix ans, ma belle fille est plus belle que Kim Basinger.

Qui a eu cette idée de con d'arrêter l'école? C'est quoi ce concept imbécile de vacances?

J'ai une belle fille. Donc, je suis une belle mère. D'une princesse aux coudes pointus. En langage clair, ça veut dire je fais le lavage, la valise, les lunchs pour le camp de jour, les courses pour les lunchs, les bobos (beaucoup de bobos cette enfant, une panoplie incroyable de bobos), les confidences interminables sur des sujets passionnants comme la nouvelle de sorte de bonbons en forme d'oeil, gluant, super cool, les expéditions à la Witcha (quoi, vous connaissez pas la Witcha? Un must), les soupers blancs (elle aime le manger blanc, poulet, riz, pâtes, oubliez le vert), la sortie essentielle à la Ronde et ses manèges trois fois (mon manège à mouaaaa c'est touaaa) ET À LA FIN DE L'ÉTÉ QUAND JE SUIS BIEN ATTACHÉE, ELLE SACRE SON CAMP TAB'.

À l'autre bout du monde. J'ai presque 4 fois son âge et je lui en veux pour mourir de s'en aller une fois qu'elle m'a bien reconquise. Go figure.

Victoria (pas Victoriaville, Victoria BC), c'est un peu loin pour la garde partagée. On n'avait rien à dire sur le sujet. Pour dire la vérité, on n'a pas été consultés non plus. Un jour l'école a appelé pour demandé si Belle Fille avait l'intention de faire sa rentrée scolaire.

C'est là qu'on a su qu'elle ne l'avait pas fait, sa rentrée. Que sa mère avait quitté son appartement sans prévenir le proprio. Alors prévenir le père, vous pensez bien...

Que sa mère avait quitté la Belle Province, on l'a su trois semaines après.

Trois semaines. Sans savoir où elle était. Mon chum est brave. Il n'est pas monté sur le pont. Il n'a pas brandit une banderolle avec "Papa t'aime" en rouge.

Bon, ils arrivent. Suite demain...

mardi, juin 27, 2006

ATTALI DOT COM

C'est comme la poutine au foie gras de Martin du Pied de Cochon.

Un peu dur sur le foie mais satisfaisant.

attali.com

Son blogue est des plus jouissif, surtout si vous avez déjà été marié à un français. Lire les débats vous donnera soit très mal à la tête, soit envie de boire très vite un St-Julien bien dense et un peu frais.

Dans les deux cas, vous aurez de quoi discuter au petit déjeuner.

Hommage à Josée B et Mère Indigne

C'est à cause d'elle si je blogue. Évidemment c'est une blonde. Évidemment je tombe là dessus par hasard. Évidemment étant blonde, je viens tout juste de découvrir la planète blogue.

Qu'est-ce qu'une blonde trouve très très long et très très dur? Sa maternelle, je la connais, je vous l'ai dit, je les connais toutes.

Josée B. je la lisais déjà depuis sa plus tendre enfance dans le Devoir. J'ai en mémoire une chronique sur le strip tease fait à chum anglais que j'ai longtemps gardé sur ma porte de frigo (admirez le contraste du chaud et du froid).

C'était bien avant Sex and the City et la mode (interminable, envahie de wannabees) des filles qui racontent leur vie sexuelle à tous vents.

C'est peut-être juste moi... Me semble que si t'as pas le sparkle d'humanité qu'il faut, c'est comme lire le récit d'une virée chez Costco.

Ce qui n'a jamais été le cas de Josée B. On était plutôt dans la dégustation épicurienne, la rencontre, l'oeil qui trouve l'âme et qui a envie de partager. My kind of writer. Bref, Josée B. parle de Mère Indigne. Je vais voir. Enfer et damnation, le fond et la forme réunis. Impertinence à gogo. On peut être mère sans être mièvre. What a relief.

Je n'en reviens pas. On peut s'amuser autant en écrivant juste pour le plaisir de se faire plaisir? En n'obéissant à personne sauf à ses envies? Pas de rapport de lecture? Pas de comités? Pas de directeur de contenu? Pas de pauses publicitaires? Pas d'interminables réunions sur la signification de la scène 17?

Je rêve. Do not disturb, pliiiiize.

Donc, je vais la lire tantôt, je vois qu'elle a un nouveau vice. Miam. Je clique.

Ben là!!! (réaction stupéfaite de la protagoniste puis sourire niaiseux).

J'ai eu un nombre inoui de commentaires sur mes textes. De tout acabit. Jamais je n'avais été un vice, enfin si mais pas comme ça. Yeeeesssss! Victoire! Champagne!

"Allô Maman? Tu peux enfin être fière de ta fille, je suis un vice".

Comme disait Mae West, qui était aussi scénariste; "When I'm good, I'm good. But Honey, when I'm bad, I'm better".

Je vais essayer très très fort de rester mauvaise.

Merci les filles. Oh et puis, merci les garçons aussi.

Le but de Ronaldo

J'étais pleine de bonne volonté. J'avais commencé à six heures ce matin. Des séquences difficiles à rendre sexy, aride la matière. Rendre l'intelligence à portée de main, accessible sans l'amoindrir. Vulgariser sans populisme. Ça prend beaucoup de Valhrona et au minimum mes 9 heures de sommeil. Surtout quand le dead line, c'est hier. Plus c'est rush, plus faut se calmer.

J'y arrivais plutôt bien.

Et puis, le Maître a ouvert la télé et Ronaldo a défoncé le Ghana.

Pauvre Canada... Pardon, pauvre Ghana.

There goes my dead line. Fuck.

Je suis trop sensible aussi. Un rien me perturbe. Non mais entre une réunion des syndicats avec le conseil du patronat et le combat héroïque du Ghana (et ses culottes courtes), le sommet économique n'avait aucune chance.

Je ne sais pas pourquoi, c'est rare qu'on me propose des séries avec des gars en shorts. Si une fois. C'était bien parti là aussi. Un diffuseur content, deux z'auteurs contents, des producteurs contents. On va dire que c'était l'histoire d'un champion (très fictif) de concours de poches. Les z'auteurs s'informent sur la poche, vont sur le terrain, trippent, écrivent, rencontre des aspirants champions, des anciens champions, tout plein de champion de la poche canadienne. Comme c'est le cas souvent, un des champions devient "conseiller" des z'auteurs sur l'art de la poche. Again, tout le monde est content. Sauf la propriétaire du champion de poche qui capote parce que personne ne lui a demandé à elle de conseiller qui que ce soit.

Et puis quelqu'un s'ouvre la trappe. Et en parle à la mauvaise personne. Qui se dit "quoi mais c'est un excellent sujet ça, la poche, c'est un hit, c'est à moi". Ce qui fut dit fut fait. En avant la poche chez le diffuseur. "Dites donc, j'ai une série en tête, sur la poche. J'ai une idée de génie, je vais engager un commentateur de poche pour écrire la série, sous la supervision d'un "conseiller" qui conseillera le commentateur néophyte.

La mauvaise personne est un poids lourd. Un genre de Mike Tyson dans sa période Van Gogh épisode psychotique. Le diffuseur s'incline. Les producteurs s'inclinent (je les comprend, ils avaient autre chose en jeu). Les z'auteurs, qui en étaient à quatre épisodes, prennent une brosse et rient beaucoup. Comme des pilotes d'avion qui regardent un chauffeur de VTT se mettre au volant de leur Boeing. "Bonne chance, vieux, oublie pas de nous envoyer des cartes postales quand tu seras rendu"!

Si tu peux voir détruire l'oeuvre de ta vie et te mettre à reconstruire, tu seras un homme mon fils.

C'est torrieux que Kipling n'aie pas eu de filles. "Tu seras un homme ma fille", ça sonne bien, non? On s'entend, c'était pas l'oeuvre de nos vies. Juste six mois d'ouvrage. Que personne n'est mort. Qu'on n'a même pas déprimé vu que pendant l'ouvrage, au moins, on avait eu du fun au cube.

Pleurer? Ah non! Protester, gueuler, faire des griefs, aller en cour? Bof. C'est ben de l'ouvrage pour perdre.

On a fait mieux depuis anyway. Mais on a relu Mary Shelley. Personne n'est à l'abri des monstres qu'ils fabriquent.

La série? Le commentateur de poche cherche toujours le bon piton pour faire décoller le Boeing. On n'en a plus entendu parler. Pauvre gars (sans ironie je le jure, parole de blonde). Sa carrière de scénariste n'était pas commencée qu'elle était déjà finie.

Le Brésil a gagné. C'était une belle victoire. Mais le Ghana avait les plus beaux joueurs.

Rendez-vous à JoBurgh en 2010.

dimanche, juin 25, 2006

LA CITATION DU JOUR

Elle est de mon ami Philip, zimbabwéen blanc, irrémédiablement africain, scénariste et réalisateur de documentaires pour la BBC. Il partage son temps entre JoBurgh et Londres et se spécialise dans les portraits de dictateurs, ce qui lui a valu de passer beaucoup de temps avec les Duvalier de ce monde, le chanceux.

***

"I always walk around with two condoms on. Whenever I meet I girl I like, I take one off and I feel like a wild man".

***

Ghaaaa naaaaa!

(pas rapport mais je le sentais)

samedi, juin 24, 2006

Jeunesse

Dans un précédent post "mondanités" j'ai raconté une certaine récupération de la jeunesse par un milieu qui se cherche un totem autour duquel il peut se rassembler en ayant l'impression de faire une bonne action.

Je me méfie de ce genre de bonnes actions. Je pense comme Denys Arcand, qui l'a dit bien mieux que moi, que ce qu'on sait est intransmissible et que chacun doit trouver son chemin, en accord avec sa personnalité et son histoire. Ça ne se trouve sur aucun banc d'école. Il n'existe à mes yeux, pas de "conseils" qui puissent s'appliquer à tous, comme une recette universelle. Ce serait idiot et condescendant.

Je suis de l'école du lève toi et marche. Prend un crayon, écrit.

Y'a pas de secret des dieux. Pas de recette magique. Pas d'école qui apprend le talent. Pas d'encens qui te met dans la transe de l'inspiration divine. Pas un seul diplôme qui garantisse qu'on soit publié, produit. On apprend en le faisant, en se pétant la gueule en sang, en remontant sur le ring, peut-être sans talent mais avec courage. Des fois on est bons, des fois on est nuls. Et c'est pas parce qu'on est bon aujourd'hui qu'on le sera demain. Pas non plus parce qu'on a une journée pourrie que tout ce qu'on fera sera condamné aux ordures.

Il faut juste le faire.

Quand je faisais moi-même partie de cette "relève" l'expression me hérissait au plus haut point. Je n'étais pas "tombée", j'avais besoin de personne pour me relever, merci, ça va aller, je suis capable toute seule. Et les conseils paternalistes qui ne servent qu'à glorifier l'égo de celui qui les donne, gardez-les pour vous.

Les conseils qui me servent, je les ai reçu quand on ne me parlait pas de mes textes. Apprendre à dire non, sans s'expliquer, sans se justifier, juste "non". Plus dur à faire qu'il n'y parait mais essentiel pour protéger son espace vital. Si tu protèges pas ton instrument, personne va le faire pour toi. Apprendre à s'occuper de ses affaires. Oui, affaire comme dans argent, le gros mot sale chez les artistes. Pigiste, aucune sécurité d'emploi, pas d'assurance chômage, haut niveau de stress, une grosse partie de la responsabilité du montage financier sur le dos, à la merci d'un réalisateur qui te scrappe deux ans d'ouvrage sans que les critiques fassent la différence, faut que t'apprennes à avoir du "fuck you money". Apprendre à faire autre chose. À voir d'autre monde que celui du milieu. À se rendre utile en société, sortir de son nombril, sec ou pas. Apprendre à relativiser. À rester ouvert sur le reste de la planète qui s'en fout éperdumment des cotes d'écoute du lundi soir. Je donne raison au reste de la planète. On s'en fout des cotes d'écoute du lundi. Du mardi aussi d'ailleurs. Get a life!

Back to jeunesse d'aujourd'hui. Nous vivons une intoxication collective à la jeunesse. Pretty hard stuff. Pour toute une génération complètement accro, incapable de passer à un autre appel, le sevrage semble aussi traumatisant qu'une apocalypse.

Je n'ai jamais compris pourquoi.

Chaque fois que je pense à ma vingtaine, je me dis "thank god it's over". J'en arrachais sur tous les fronts. J'avais l'énergie nécessaire pour angoisser à plein volume et les sujets d'angoisse étaient si nombreux que je me rendais sans même batailler, vaincue d'avance.

J'étais pauvre, malade, isolée, insécure, incapable de maîtriser les petits moyens qui étaient les miens. À vingt ans, je faisais vivre trois personnes dans un taudis et je me tapais simultanément une mononucléose carabinée et deux jobs de cul. Je n'avais qu'une obsession, dormir. Fuir.

Comment peut-on dire que c'est le plus bel âge de la vie?

J'ai commencé à écrire par hasard. Sans jamais me dire que j'étais "un auteur". Ça ne me serait pas passé par la tête. Pour moi, un auteur, c'était Carson McCullers, J.D. Salinger (pas celui du "Catcher in the rye" celui du "perfect day for a banana fish"), Ducharme, Gabrielle Roy, Harper Lee, Romain Gary, Carver.

J'étais nulle. À des années lumière de Carver et Salinger. Et je le savais. Cette lucidité ne m'aidait pas, au contraire.

À mon plus grand étonnement, j'ai gagné un concours. Un hasard. Je n'avais jamais écrit, ni dans le journal de l'école, ni mon propre journal, rien. Les organisateurs avaient le sens du cocktail tous azimuts. J'ai rencontré d'autres "jeunes" qui écrivaient. Je les trouvais sûrs d'eux, ambitieux dans le meilleur sens du terme, à l'aise dans le grand monde, brillants. Ils avaient "fait" l'Europe, lisaient le Voir toutes les semaines, ils parlaient de Wim Wenders comme s'ils avaient partagé une seringue avec lui la veille (ah, vous ne saviez pas? Si). S'ils avaient des doutes sur la validité de la reconnaissance qu'on leur accordait, ils ne l'affichaient pas.

Alors que dans mon village je devais me cacher pour lire afin d'éviter d'être la risée de la polyvalente, là, j'étais la plouc de campagne qui débarque avec ses bottes de rubber.

Le même isolement de ne pas correspondre à la norme. La même incapacité d'aller vers l'autre, paralysée par la peur du rejet. Et un choc. Je n'avais jamais été jeune.

Beaucoup plus tard, j'ai rencontrés d'autres "vieillis prématurément". On apprend à se reconnaitre avec le temps. On apprend à quitter la survie pour apprendre à vivre.

Ce n'est pas si facile de vivre en temps de paix quand on a été élevé sur le champ de bataille. C'est très doux par contre.

J'ai rencontré des gens qui ne m'ont rien enseigné mais qui m'ont appris beaucoup. Quelques fois à leur insu. Je leur en suis éternellement reconnaissante et ils le savent. Ce n'est pas nécessaire de connaître beaucoup de monde.

Ce qu'il faut, c'est connaitre ceux qui nous aiment. Et leur rendre la pareille. De tout notre coeur.

vendredi, juin 23, 2006

Cirrhose

- Puff Daddy à l'appareil, j'écoute.

- Bonjour, c'est moi.

- Oui, oui, je te reconnais.

- Je voulais prendre de tes nouvelles.

- Ça va mieux. Je pensais que j'allais mourir.

- Je sais.

- Ça sentait la mort dans toute la maison. Maman, ça sentait ça à la fin...
Ils m'ont dit que si je passais la semaine, j'allais être correct.

- T'es correct.

- J'ai beaucoup réfléchit pendant la semaine. À ma vie.

- Oui?

- J'aurais peut-être pas dû faire la croisière de sexe tantrique. Au Mexique, on sait pas ben ben. À mon âge, je pensais qu'on pouvait se passer de condoms.

- Je ne pourrais pas te dire, je ne connais pas le Mexique.

- En tout cas, j'ai beaucoup pensé à vous autres. Je sais pas si je vous ai dit que je vous aimais?

- Heu. Je ne me souviens pas.

- En tout cas. Je suis en convalescence. J'en profite. Je lis. Tous les finalistes au Goncourt des trois dernières années.

- C'est une bonne idée.

- Mais juste les hommes. Je lis juste les hommes. Parce que quand même, les femmes, c'est une littérature mineure.

- ...

- T'es là?

- Oui, oui. Je voulais juste prendre de tes nouvelles, P'pa.

- Je vais mieux.

- Je sais.


***

France Togo XXX

Ce jeu. Ces jambes. My God.

Comment ils font pour passer ça à l'heure où les enfants sont pas encore couchés?!

Je sais qu'ils ont aucune chance mais je prend pour l'underdog.


Ghaaaaaaa nnnnnaaaaaa!

jeudi, juin 22, 2006

Mondanités

Il arrive que Cendrillon quitte le monde du bas des marches pour sortir dans le monde du milieu.

Le monde du milieu ne connait pas le monde du milieu de Tolkien. Ils ne savent pas ce que c'est. Ce qu'ils savent, par contre, c'est combien a coûté le Seigneur des Anneaux et surtout combien il a rapporté.

Vous savez de qui je parle. Le monde du milieu. Suivez mon regard...

L'industrie.

Ce soir là, l'industrie était rassemblée dans un club de golf de Terrebonne pour manger du roast beef bouilli, de la patate au four sèche comme les chemises de l'archiduchesse et de la Boston détrempée à la vinaigrette Mille Isles. Le tout agrémenté de spots dans la face, postérité oblige, d'un micro full reverb et d'un billet de présence sous la napkin 100% acrylique.

Quand je sors, je sors.

C'était pour une bonne cause, la relève. La relève c'est comme la vertue, on ne peut pas être contre. Enfin si, mais on n'a pas le droit de le dire. Ça fait tellement plaisir à l'industrie de penser qu'elle a un coeur. La relève est notre caution morale à tous. D'ailleurs, chaque fois que je pense à mes étudiants, je m'accorde dix points de plus. Après tout, je ne leur ai probablement pas enseigné grand' chose mais je leur ai ouvert ma table, ma maison, mon porto et mon carnet d'adresse. Certaines se sont même crues invitées à prendre mon mari.

Faut pas charrier.

Pendant les années où j'ai enseigné, je les ai tous aimés ces flos au nombril pas sec qui pour la plupart étaient à peine sortis de chez leur mère. Ils n'avaient rien vécu et ils voulaient écrire. Qu'est-ce qu'on écrit quand on n'a pas encore reçu de coups (non, le divorce des parents ne compte pas, la privation d'un Big Wheel non plus)?

Ils copiaient, sans le savoir. David Lynch, en tête du hit parade des idoles, leur Camus à eux. The Kingdom de Lars Von T était leur série culte. Surtout les garçons. Les filles, elles, faisaient semblant d'aimer ça pour avoir l'air cool mais au fond, elles s'emmerdaient avec Von Triers. Elles préféraient, de loin, Pedro.

Pour vous dire la vérité, moi aussi je préfère Pedro. De très loin. Je ne fais même pas semblant d'avoir l'air cool avec Lars le Sadique Scandinave.

Tous, ils étaient touchants dans leur désir d'avoir du talent et je les aimais pour ça. Pas également bien sûr, ni tous les jours. Certains étaient là pour se faire des contacts. Ils en voulaient pour leur argent. Ils avaient acheté un forfait, ils voulaient leurs bébelles. Ceux là se sont privés du plaisir inoui de découvrir leur personnalité de créateur.

Bon, créateur c'est peut-être un grand mot. Pour paraphraser Salieri, Dieu ne nous a pas tous créés égaux.

Ceux qui m'ont bouleversée sont rares. Les vrais, ceux qui sont tout croches mais fulgurants, les illuminés qui n'ont même pas conscience de l'or qui les habite, ceux qui passent par dessus l'orgueuil et offrent leurs imperfections à ton regard pour aller plus loin, ceux-là valaient toutes les bouteilles de porto, toutes les additions ramassées au resto, toutes les heures supplémentaires accordées gratuitement et sans regarder sa montre, juste pour la joie d'assister à une mise au monde.

Je crois, profondément, qu'on ne peut aider que quelqu'un qu'on aime. Et que c'est très bien comme ça.

Ça y est, on est dans le deep alors que j'écrivais un carnet mondain. Je vous amenais au golf. Du Ralph Lauren, des Mercedes, du shop talking. Ben oui, tiens. J'ai pris un chemin de traverse. Je devais vous raconter les fredaines et bons mots des players de Terrebonne. Ce sera pour une autre fois, allez. La vie est longue.

Tout de même, j'ai un minuscule remord. Faudrait pas croire qu'il y a que des vrais créateurs purs et des méchants producteurs salaces. Ça dépend des jours, ça dépend qui, et ça dépend qui avec qui.

Il y a, dans le monde du milieu, des joueurs de golf qui en veulent pour leur argent.

Il y a aussi parfois, des beaux grands bums extravagants et des beaux petits pétards allumés qui sont là pour l'euphorie de la mise au monde. Qui aiment voir quelque chose se construire, prendre forme et exister.

Bon après si ça permet de boire du champagne, d'aller à Cannes et de conduire une BMW, on va pas lever le nez sur les extras.

Ce qui me fait penser, pour dessert au club de golf, y'avait de la tarte au sucre avec des bleuets rabougris sur le dessus. Le tout assorti d'un truc amer et dégueulasse qu'ils essayaient de faire passer pour du café.

Je suis rentrée avant minuit.




lundi, juin 19, 2006

LE MONDE DU BAS DES MARCHES... lendemain de brosse de la Reine Mère



La Reine Mère en a viré une grosse vendredi. Elle a veillé tard. Avant elle était équipée pour. Maintenant, elle met trois jours à s'en remettre. Elle s'est vautrée dans ses trois vices préférés; les hommes, le T-Bone sur le BBQ, les hommes. Depuis, elle ronfle sur le divan, exténuée.

La Reine Mère ne fait pas de discriminations sur les hommes qu'elle aime (il fut un temps où sa maîtresse non plus, sa maîtresse n'a pas de leçons à donner). C'est très simple, elle les aime tous. Sauf celui qui a essayé de défoncé la porte avec une crow bar, équipé d'un sac de hockey vide. La Reine Mère a eu des soupçons... Lui, il a eu tellement la chienne (combien de points pour l'avoir placée celle-là?) qu'il est parti en me laissant son sac ET sa crow bar.

Ma Grosse aime l'Homme dans toute sa splendeur, farts and all. Petite, elle arborait fièrement un t-shirt sur lequel on pouvait lire "ces chiennes qui aiment trop" que sa maîtresse avait fait faire spécialement pour elle. Elle a un peu perdu sa taille bikini (oh, la chienne, pas la maîtresse!), le t-shirt ne fait plus mais la bannière flotte encore haut dans son coeur de bouledogue anglaise. Omnia vincit amor.

C'est beau de voir une amoureuse à l'oeuvre. Elle ne se ménage pas. Elle les accueille en héros. Elle se vautre à leurs pieds. Elle leur fourre sa grosse truffe dans les cuisses jusqu'à ce que la patte de l'homme daigne enfin se poser sur sa tête. Elle fond, l'oeil énamouré malgré la cataracte. Elle les veille quand ils sont petits, leur lèche les pieds quand ils sont grands (oui, les poils aussi, ça te slicke une jambe ça madame, de toute beauté).

Elle se pose pas de questions, ne leur demande pas où ils en sont dans leur relation, se fout qu'ils soient docteurs ou vidangeurs, ne les questionne ni sur la grosseur de leur porte-feuille, ni sur celle de... Bref. Elle aime. Avec un bout de steak encore plus, c'est sûr, ne soyons pas menteuses, allez.

Je m'inquiète un peu. Elle est très vieille.

Comment ils feront tous ces garçons quand elle ne sera plus là?

samedi, juin 17, 2006

Tiens! Une autre perle pour mon collier.

Un producteur, à une fille charmante qui est pour beaucoup dans le succès de deux films qu'il a produit: "T'es pas un pétard mais t'as quand même du talent".

Admirez le "quand même".

vendredi, juin 16, 2006

C'est vendredi, la la le reuh!

J'ai décidé que le vendredi était pour tout le monde.

Même pour ceux qui font du sept jours. Un exemple au hasard? Moi! Je ne me plains pas allez. J'ai fait assez de jobs de cul pour savourer la mienne, même dans ses mauvais jours.

Fait que je suis dans un nouveau pyj', j'achève la tarte aux petits fruits du Première Moisson avec mon deuxième café. Le café, c'est celui des Milles Collines, très fashion le Rwanda ces jours-ci. Ce soir, il y a fête dans ma cour. Une gang d'effets spéciaux, des "gars gars" qui me niaisent en me disant que je leur écrit pas assez d'explosions, poursuites qui crashent et autres tsunami. Les garçons... moi je veux bien, mais d'après la radio ce matin, Téléfilm Canada en arrache pour financer DEUX pauvres petits longs métrages, dont le prochain Denys Arcand. Alors les explosions, elles seront dans le dialogue.

C'est moi qui disait hier que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes? Ah, je devais parler jardinage. J'ai de la chance de parler jardinage, ça veut dire que j'ai un jardin alors que le prix moyen des maisons au Québec vient de passer à $300,000.00 - Pfft. Comment ils vont faire les jeunes? Comment ils vont faire les jeunes pigistes?

J'ai eu de la chance. J'ai acheté les "Arpents Verts" il y a dix ans. Juste à temps. En ruine mais on s'en fout. Depuis, je joue à Zaza Gabor et j'ai découvert comment me servir d'un marteau pour autre chose que de fesser sur des pinces à homard récalcitrantes.

J'ai beaucoup décapé. Ça n'a pas aidé mon cerveau... Mais ma vieille victorienne est belle en ta'
("en ta" expression que je viens de découvrir grâce à Patrick Lagacé, confrère du blogue et chroniqueur télé perspicace, heureusement qu'il est le seul de sa gang, salut Pat' t'es fin en ta').

D'ailleurs, parlant perspicacité culturelle, il est passionnant de lire "Pseudo" le compte rendu de Romain Gary sur son expérience "Émile Ajar". Dans le Tout Paris littéraire, une seule (une seule!) critique a fait le rapprochement pourtant limpide entre les deux écritures. Ça laisse rêveur...

C'est une journée "count your blessings". Il en faut. Ça ne peut pas être fête tous les jours même si on adore se rouler dans la fange du spleen créateur.

Je partage ma vie avec un techno wizz au grand coeur. Il est beau, adorable, zennissime, patient, ô combien, tendre avec les chiens et leur maîtresse, impitoyable avec la plomberie récalcitrante. Sa virilité est là où elle doit être, dans son coffre à outils (...)

Oui, j'ai de la chance. Mes articulations craquent le matin mais au Tour de nuit, je dépasse encore tous les petits jeunes qui fument et je grimpe le Mont-Royal sans m'arrêter. He he. D'accord, je râle un peu en descendant mais pas tant que ça. J'ai de la chance parce que je n'avais pas de film au dernier comparatif de Téléfilm. Lucky girl.

Salut Marianne angoissée. J'espère que tu l'es moins aujourd'hui. Pour ce qui est des bonnes filles, Bette Davis a dit; "good girls finish last". Essayons de rester aimables sans vouloir plaire à tous. Et je vous en prie les filles, laissons de côté les esprits chagrins sans vouloir à tout prix les convertir. Ceux qui ne nous aiment pas ne nous aimeront jamais. Alors pourquoi se forcer?

Tiens, hier, justement, un réalisateur "connu" a dit de son actrice qu'elle avait été chiante.

Les actrices ont le droit d'être chiantes. Sauf si elles n'ont pas de talent, parce que là, c'est juste chiant pour être chiant et ça, c'est très très chiant.

Elles ont le droit parce que le fear factor de leur maudite job est aussi élevé que le risque de te faire refuser ton financement par Téléfilm. Mieux, on s'attend à ce qu'elles soient un minimum chiantes. Comme chante Leonard Cohen; "and you know she's half crazy but that's why you wanna be there".

Les actrices, moi, je leur suis reconnaissante et c'est pas parce que je suis dans une journée de gratitude infinie. Non, je suis toujours étonnée qu'elles acceptent d'aller se mettre dans la lumière et de s'exposer ainsi au jugement d'un paquet de gens sur lesquels elles n'ont aucun contrôle. Faut être brave en ta' (s'cusez-là, je m'attache très vite, comme le python d'Émile Ajar). Faut être faite forte. Go actrices, go.

Décousu, hein? C'EST VENDREDI!

Après le casual wear, le casual blog. Vous ai-je souhaité bon week end? Bon week end!

"and she feeds you tea and oranges that come all the way from China"...

jeudi, juin 15, 2006

L'amour et le métier

Un jour, c'était mon anniversaire. Deux amies actrices m'ont emmenée voir Gena Rowlands qui donnait un genre de "master class" dans une petite salle d'un cinéma de la rue St-Laurent. C'était plein d'actrices, que des actrices. Des grandes timides, des belles incertaines de leur beauté, des jeunes qui se prennent pour des femmes fatales, des vieilles qui le sont, des actrices de sitcom à TVA, des "critic's darlings" qui réciteraient le menu de la Banquise que les critiques se pâmeraient, des actrices de théâtre underground stanislavskien de la rue Ontario, des actrices de théâtre à fanfreluches pour vieilles dames, des actrices de films, de feuilletons, de téléromans, des actrices qui ne jouent plus, d'autres qui sont partout. Des femmes de coeur, vibrantes à l'idée d'être là pour celle qui a su faire l'amour et le cinéma sans jamais être moins que l'égale de l'homme qu'elle aimait.

C'est l'ONU des actrices et déjà, je suis excitée comme un pou.

Un instant, je parle d'actrices, il est l'heure de boire du vin. Je reviens.

Voilà, c'est fait. Riesling. J'en profite pour vous dire que l'homme qui m'aime vient de me dire; "tu as de la chance que je sois ton chum". Il m'a changé de serveur internet, en une demi-journée. Les fils sont tout branchés, rien qui parait. Oui. J'ai de la chance. C'est dit.

Et puis, Gena entre. Blonde (yessss), un chemisier très bleu, un foulard de soie très rouge et la bouche, cette bouche incroyablement intelligente et mobile, fardée avec fierté. Je suis vieille et je m'en fout, je porte du rouge à lèvres ROUGE.

Déjà, elle m'avait sciée.

Et puis, elle a raconté. Sa jeunesse à New York. Sa première impression de Casavetes "I knew he was going to be trouble and he was". Leur vie, leurs enfants, leurs films. L'argent qu'il fallait aller chercher en tournant dans des navets parce que l'argent des navets financaient leurs films. Qu'ils tournaient chez eux, avec leurs amis, en disant aux enfants qui partaient pour l'école de faire attention aux lumières qui jonchaient leur salon.

À quelqu'un qui lui demandait si elle avait conscience qu'ils étaient en train de révolutionner le cinéma, elle a tout de suite arrêter la machine à fantasme; " On ne voulait pas du tout faire la révolution, on voulait faire des films avec de l'argent mais personne ne voulait nous en donner, alors on faisait des spaghettis à la sauce tomate pour tous nos amis, on buvait des martinis, on tournait et on faisait ce qu'on aimait".

J'ai revu "Opening night", ce plan de la jeune fan qui cours après la voiture et qui frappe sur la vitre, repris par Almodovar dans "tout sur ma mère". On a envie d'arrêter le film aux dix minutes, tellement c'est dense.

Mon verre est fini. Je pense à elle souvent.

Il faut cultiver notre jardin

C'était une lecture obligatoire au cégep, le Candide de Voltaire. Je n'ai pas fini ma session mais j'ai fini le livre. Je l'ai même relu.

Il y a un Candide dans ma ruelle. Il s'appelle Claude.

Claude a 62 ans, il vit dans une maison de chambre tout près d'ici. Dans cette maison de chambre, il y a principalement des gens qu'on a mis dehors trop tôt, des junkies en fin de parcours, des misfits de tout acabit. Des gens qui meurent seuls et qui ne s'attendent pas à autre chose. Des gens de passage qui ne savent plus trop d'où ils viennent et très bien où ils s'en vont, nulle part. Deux meurtres il y a une couple d'étés. Les ambulanciers qui connaissent l'adresse par coeur. C'est pas trop décrépitmais bon, c'est pas le Ritz non plus.

Claude vit là depuis trente ans. C'est le roi du quartier. Il se promène sur son vélo "custom" bricolé de pièces ramassées un peu partout. Les gars de la shop à vélo du coin le connaissent bien et lui répare ses trucs gratuitement. Claude connait toutes les putes et le souteneur qui vient avec, tous les pick-pocket de la station de métro et tous les propriétaires de maison du quadrilatère. Une effraction? Une voiture défoncée? Il y a de fortes chances pour que Claude sache qui a fait le coup... Il va le dire à qui veut bien l'entendre sauf aux policiers! Claude est un gentil bougon. Il reçoit son chèque du chouette ministère du bien être social. Et il se démerde pour les extras. Il ramasse les feuilles l'automne, dégage les entrées l'hiver, ramasse les cochonneries au printemps. L'été? Il fait son jardin.

L'un de ses "employeurs" lui a gentiment accordé le droit d'utiliser un minuscule bout de terrain vague derrière sa maison. Aux beaux jours, Claude amène sa terre, en vélo, dans des boites de carton. Il m'a dit qu'il prenait sa terre au Parc Lafontaine. Ainsi que ses plants de tomates, de pickles, de haricots jaunes. Il a aussi mis des fleurs. Quatre. Un peu laides, un peu moribondes mais qu'importe, tu vois ses quatre fleurs et le coeur te brise. Tous les matins, à l'aube, Claude débarque avec sa bouteille d'eau pour arroser ses plants. Il en profite pour dire bonjour aux chats, inspecter sa ruelle, venir voir ce que j'ai planté. Cette année, une vigne de la vallée du Niagara, j'ai l'intention de boire un dé à coudre de Ice Wine cet automne...

On discute horticulture, la tomate surtout. À cinq heure et demi du matin, Claude pète le feu. Il me raconte tous les potins du quartier, on parle engrais. Claude privilégie l'organique, c'est à dire la coquille écrasée de son oeuf matinal. Des fois, il remplit sa bouteille d'eau chez nous. Il lui est arrivé de prendre un croissant ou un café mais la plupart du temps, Claude est ben busy. People to see, places to go!

En mai, il est venu voir mon stationnement, transformé en jardin (vendu mon char, j'en veux pus, inutile) et il m'a dit; "Je regarde ta place et ça me fait voyager".

Je n'ai pas su lui répondre. Pas de mots. J'étais si contente de ce qu'il venait de me dire. Somehow, Claude avait parfaitement saisi ce que j'avais voulu faire de ce stationnement. Je lui ai fait mon meilleur sourire du matin.

La présence de Claude me fait croire au meilleur de l'homme. Même la Reine Mère (dont l'instinct est vieux mais fiable comme l'impôt en avril) adore Claude. Qui le lui rend bien. Il l'appelle "ma poule, ma grosse fille" et elle en redemande, elle si digne d'habitude.

Tous les matins, quand je le vois pédaler sur sa bécane avec sa boite de carton sur son guidon, sa coquille d'oeuf écrapoutie et sa bouteille d'eau, Claude me rappelle que c'est pas ce que t'as, c'est ce que t'en fais.

Il faut cultiver notre jardin. Indeed.

Citation irrésistible du jour

De Hunter S. Thompson. D'accord, il a fait beaucoup de drogue mais comme dirait Bernard Landry, "in acido veritas".


"The tv business is a cruel and shallow money trench, a long plastic hallway where thieves and pimps run free, and good men die like dogs".

mercredi, juin 14, 2006

Hagen Dasz

Triple chocolat. Ce soir, ça prend ça. Je ne m'éterniserai pas sur le sujet, il est d'ordre technologique, cybernétique et c'est d'un ennui qui serait mortel si ça n'était pas aussi câlissement stressant.

Je m'étais réveillée en me disant que j'allais vous raconter monsieur Sinoussi qui m'a fait découvrir Harper Lee ou mon capitaine tatoué du champ de luzerne ou cette femme blonde bourgeoise et raciste que j'ai vue s'abandonner comme une amante comblée dans les bras de l'infirmier haïtien qui a bercé ses derniers moments.

Je pensais que j'allais peut-être vous raconter la fois où Jeanne Moreau m'a consolée d'un chagrin d'amour dans une toilette de la place des arts. Que je vous dirais tout tout tout de Gainsbourg Serge quand il est venu à Rouyn et qu'ils m'ont assise à côté de lui dans l'avion. Avec l'hôtesse de force sur ses genoux. Pied nus dans ses tennis. Il avait rebaptisé Rouyn Noranda "Rwanda" et il débarquait en Abitibi, convaincu que c'était l'Afrique. Ou quand, petite fille sous l'immense table grand' paternelle, j'ai été la seule à voir que ma tante Martha avait une liaison avec le curé. Et que le curé, il savait parfaitement quoi faire de ses mains. Damn right!

J'étais bucolique, légère. Paf! Kaput. T'écriras pas aujourd'hui ma fille.

Delayed gratification? Not for me. Je suis une fille du maintenant tu-suite, dear God I pray for patience AND I WANT IT RIGHT NOW.

D'où la Hagen Dasz, la tarte rhubarbe fraise, la chaise longue en bambou et des draps en lin, une folie furieuse. Je répète, une folie furieuse.

Je sais. C'est de la compensation. Y'as pas une méthadone aussi forte que le kick de rentrer dans l'histoire, de monter à cheval dessus et de partir en fou.

Dans la section potins, y'avait Marc Labrèche qui s'achetait des draps aussi. Moins beaux que les miens cependant. Fin des potins.

Toute cette agitation m'a complètement perturbée. Non seulement je ne vous ai pas écrit, mais je n'ai même pas écrit ce qui devrait me servir à payer les draps que je viens de m'acheter.

Et croyez moi, il va bien falloir les payer!

mardi, juin 13, 2006

La genèse addendum

Vu les grands talents de chasseuse de notre amie Candy et la vélocité de l'écureuil devant le danger, on pense que son écureuil était déjà mort quand elle l'a trouvé et qu'elle nous l'a ramené.

Mais faut pas lui dire. C'est une actrice, elle a fréquenté l'Actor's studio, elle se croyait à mort.

Préservons la.

lundi, juin 12, 2006

LE MONDE DU BAS DES MARCHES... la genèse

Rendons à César ce qui appartient à César et à Cherze ce qui appartient à Cherze.

Été 2002. Il fait chaud à crever. Mon ami Cherze habite chez moi. C'est mon ami d'enfance. Nos mères étaient elles-mêmes amies d'enfance, on a suivi le moule, sauf que c'est un gars et moi une fille. Il est chou mon Cherze. Un peu bêta avec les filles mais il a cinq frères et pas de soeur. Ça explique. Quand j'avais cinq ans et lui douze, il s'est mis la tête dans la tarte aux bleuets pour me faire rire un jour de grande peine (elle était enfantine, nécessairement grande). C'est dire à quel point il n'est pas avare de sa personne.

Il a épousé une étrange fille et vit dans un pays lointain avec elle et leurs enfants mais quand il vient travailler à Montréal, il habite chez moi. J'ai une grande maison et plein d'amis qui vivent à l'étranger et qui débarquent on sait jamais quand.

Mon ami Cherze est un acteur. Ce détail a son importance.

Donc, c'est l'été 2002. Mon mari vient de me quitter. Sa femme ne l'aime plus depuis des années mais refuse de le quitter, pour le faire chier. On va mal. On va très très mal. Le genre en pyjama toute la journée, pas rasé (pour lui), pas de mascara (pour moi). Ou est-ce le contraire? En tout cas, on fait pitié. On erre. Sans but. Ô pléonasme quand tu nous tiens! On boit trop. On fume des pétards. On fait des concours de qui fait le plus dur.

- il a couché avec une étudiante.

- une à lui ou une à toi?

- à moi.

- Avec les enfants, on lui a fait un souper pour son anniversaire. On l'a attendue. Elle est pas venue.

- Elle était où?

- Avec son amant.

- Ah ouais. Tu me bat, là.

La grosse vie sale, je vous dis.

Et en plus, il fait une canicule qui ne nous aide aucunement à nous secouer. De temps en temps, on bosse. Mais vraiment obligés, il faut gagner notre vie. Sauf que gagner ta vie quand on a le coeur dans la marde, on ne voit pas bien l'intérêt... Ah, ils vont venir me saisir, tu crois? Bof.

-Penses-tu qu'il reviendrais si j 'étais dans le besoin?

- la vérité?

- non, laisse faire.

- penses-tu qu'elle m'aimerait plus si j'étais riche?

- la vérité?

- boh. Laisse tomber.

La joie.

Il apprend des textes que j'écris, pour une série sur laquelle on est tous les deux. C'est la seule chose qui nous fait, un peu, rire. Parce que la vedette est chiantissime, le producteur un plouc avec une mauvaise teinture L'Oréal (parce que je le mérite bien) et les technos sur le bord de la mutinerie.

Un jour de spleen particulièrement intense, on fume notre 7ème pétard en buvant notre 28ème tasse de thé sur le minuscule balcon qui surplombe le monde du bas des marches. Un gros matou noir à grosses couilles cherche le trouble en bas.

- T'as vu? Il y a un nouveau qui rôde. (il prend la voix de Garfield) Je me taperais bien une minette moi, j'ai les couilles bien pleines.

- Couilles pleines a essayé de rentrer dans la maison l'autre soir. Candy lui a fait sa fête.

- Ah BON? Ils ont (geste très explicite à l'appui) ?

- You wish. Elle est opérée. Elle a dû lui massacrer la face. Regarde, il est tout scraché.

- Justement, c'est pas elle qui s'en vient là bas avec du sang partout?

- Qu'est-ce qu'elle a dans la gueule? On dirait, on dirait...

- Eurrrk! Un oiseau!

- C'est pas un oiseau, c'est un ostie d'écureuil!

- Attend, elle va pas venir me le porter quand même!

- Si si, c'est un cadeau!

- Candy, non!

Le monde du bas des marches venait de naître.

Ça nous a fait tout l'été. Des heures de plaisir, les yeux dans le vague (ok, embrumé par passablement d'alcool, mais du bon). Cherze prenait sa plus belle voix "discovery channel" et me faisait le boniment; "à l'heure où les grands fauves vont boire, les petits restent seuls, ignorant tout du danger qui les guette".

Voilà pourquoi j'ai une affection particulière pour ce soap qui bat tous les Loft de la terre.

Parce que c'en est un né d'une double peine d'amour et d'une profonde amitié.

Le monde du bas des marches... soap animalier


Lundi matin. Le voisin part sa scie ronde. Affolement chez les bêtes. Les chats rentrent, furieux.

La Reine Mère se sent dans l'obligation d'aller voir ce qui se passe. Sauf qu'elle est vieille. Il faut la descendre à bras. 56 livres d'anciens muscles. Des fois, elle me fait penser à Madame Rosa dans "La vie devant soi". Putain. Dieu merci, elle remonte toute seule. Quinze marches. Une heure. Comme l'Oratoire.

Mon voisin vient de Val D'Or et personne ne l'a averti que nous ne vivons pas au Far West mais à cinq minutes à pieds de la grande bibliothèque. Mon voisin possède un 12 et le quotient intellectuel d'Averel Dalton. Donc, il se sert du douze. Sur les écureuils, les oiseaux, les chats. Et une fois sur moi aux petites heures du matin. Il m'avait confondue avec un écureuil? Nul ne le sait mais il s'est fait copieusement engueulé par Calamity Jane. Non mais! J'avais même pas pris mon café, sombre crétin.

Bref, le monde du bas des marches n'aime pas la scie ronde. C'est donc le calme plat, morne plaine. Tout ça pour une affreuse cabane de jardin en tôle ondulée. Vous avez bien lu. Tôle ondulée. Pseudo look nouvelle architecture post industrielle. Moi, la dernière fois que j'ai vu ça, c'était dans un bidonville de Bamako.

Profitant de ce moment de répit, je vous prépare donc un "behind the scene" juteux. Comment en est on arrivés là?

C'est ce que vous saurez en lisant demain les origines du "monde du bas des marches".

dimanche, juin 11, 2006

LE MONDE DU BAS DES MARCHES... soap animalier



Au centre de Montréal, dans ce triangle des bermudes entre le Village, le Plateau et le Quartier latin, existe un oasis où vont paître les bêtes sauvages. Sur ce territoire encore vierge, là ou la patte de l'homme ne pose le pied que pour aller au dépanneur chercher de la bière et des chips au mesquite , un monde vit, palpite, lutte et se bat.

C'est le monde du bas des marches...

***

PRÉSENTATION DES PERSONNAGES PRINCIPAUX

L'héroine est très certainement " la voluptuuuueuse Caaaandy", ainsi baptisée par sa blonde maîtresse le jour où elle la trouva en face d'un bar de danseuses dites de charmes, sur la route entre St-Jean d'Iberville et Venise en Québec. Ceux qui sont passés par là s'en souviennent. Bienvenue aux dames.

Si la pulpeuse Candy, prend bien la lumière, on ne peut pas dire qu'elle soit très pourvue point de vue wattage. Cela fait d'elle l'Actrice par exellence du monde du bas des marches. Elle guette l'écureuil Chuck Guitien, la mésange dodue et le papillon folâtre pendant des heures. Hélas... Hélas....

***

Elle partage la vedette avec Zéphyr, dit "Fifon", village oblige. Philosophe à ses heures, amant infatigable, Fifon est le roi de la jungle, le Tom Jones des siamois, le Bernard Henri Lévy du très culturel monde du bas des marches.





Du haut de l'escalier, trône la Reine Mère, la Darth Mother (certains disent Yoda mais je trouve ça un peu insultant) vieille et décatie, la paupière lourde mais l'oeil néanmoins alerte, surtout lorsque le Maître revient du sus-mentionné dépanneur, les bras chargés de crottes de fromages et d'ailes de poulet juteuses. Quand on remonte ses plis, il nous arrive de la confondre avec Janette et de nous croire en plein souper avec Guy Corneau.

La Reine Mère déteste les chats qui ne sont pas les siens et les pigeons (on aime tous les animaux mais on n'aime pas les pigeons, ces rats des airs). La Reine Mère aime par contre tout ce qui porte une ceinture à outils et saute allègrement la clôture de la fidélité conjugale dès que se pointe le gars de vidéotron, le platrier, le maçon, voir même le plombier. C'est une volage. Mais le maître pardonne. Le maître est bon. Elle a aussi un autre maître à Paris mais c'est un autre chapître et ce n'est pas un animal.

Le petit tas blanc derrière, c'est un bichon de droite, raciste, jappeur et amoureux. De moi. Je lui pardonne tout. Même de pisser dans mes fleurs, le scélérat.

Autour de ces personnages hauts en couleur, gravite Edgab (contraction d'Edgar comme l'hyper taverne, il faisait brosse ce soir-là et de Gabriel, un... vaut mieux ne pas parler de Gabriel), le chat squatteur, profiteur de sardines et autres croquettes mais lâche comme une couleuvre lorsqu'il s'agit de montrer un minimum de reconnaissance.

Une marmotte fringante, vue un matin de défilé de fierté gay. Nous l'avons surnommée André Boisclair. À cause de ses dents étincelantes d'acteur d'après midi.

Un couple de cardinal (cardinaux? quelqu'un aidez-moi) tout de suite baptisés, Chip et Chipette, vu le son qu'ils font en mangeant les graines spéciales "oiseaux sauvages". La grippe aviaire? On s'en sacre éperdument, c'est l'été. On avisera à l'automne. Les chats? Chip et Chipette s'en sacrent éperdument. Ils verront à l'automne.

Des deux chats de la voisine, qui fait de la bonne cuisine (c'est pour la rime, on n'a pas été invités encore). Un siamois qui ressemble à un lévrier famélique fin de race "on a trop baisé entre cousins" et un autre rondouillard qui a mauvais caractère et une tendance hitlérienne à l'envahissement de territoire.

Plus des vagabonds qui font des "guest appearance" histoire de pimenter notre feuilleton déjà très enlevé.

Stay tuned

samedi, juin 10, 2006

Denys Arcand

Lu dans le recueil de ses écrits divers, publiés chez Boréal dans la collection "hors champ", page 180.
...

"Je ne m'en souviens pas très bien, mais il se peut qu'autrefois j'aie eu des certitudes à propos du métier de réalisateur. Chose certaine, aujourd'hui, je n'en ai plus. Comme pour tous les artistes, tout est vrai, tout est faux, tout est possible. Bach était pauvre et avait beaucoup d'enfants, Haendel était riche et célibataire. Goethe était ministre, Dostoïevski bagnard. Orson Welles a tourné Citizen Kane a vingt cinq ans, Luis Bunuel le charme discret de la bourgeoisie à soixante douze. Hawks et Kurosawa étaient de redoutables golfeurs, on imagine mal Fassbinder ou Almodovar sur les links. John Ford n'aimait pas les actrices, Von Sternberg ne vivait que pour Marlene Dietrich. Le régime des ayatollahs iraniens a produit un cinéma plein de vie, les démocraties canadienne ou suisse n'ont jamais produit grand' chose (! parlez-moi de ça quelqu'un qui assume ses opinions! ) Clint Eastwood était acteur, Kubrick photographe, Claude Jutra médecin et Mankiewicz géologue.

Il y a mille manières de réaliser des films, autant de manières que de réalisateurs. Il faut trouver sa voie et elle sera malheureusement intransmissible. Je ne peux rien dire sur la manière dont je fais mes films. C'est trop intime, trop compliqué, trop simple. Je peux cependant dire que j'ai été élève des Jésuites, comme Bunuel et Hitchcock.

C'est déjà ça".

***

Sacré Denys

***

Dans la catégorie citation succinte qui résume en fessant dans le dash de l'incrédule, il y a William Goldman (adventures in the screen trade, hilarant, all the president's men, sidérant):

"Nobody knows anything"

***


Yep.


vendredi, juin 09, 2006

SCÈNE 1 - pour vivre heureux, vivons cachés

1. EXT. SOIR - TERRASSE DU CHIQUILIN, BUENOS AIRES

L'orchestre vient d'entamer la version ultra soft jazz de libertango. Une clientèle hétéroclite, branchée, psychanalisée, ruinée et cultivée boit, fume, mange et argumente comme si l'apocalypse était pour dans une heure.

L'apocalypse a déjà eu lieu. On appelle ça la dictature. Les disparus hantent les rues de ville comme autant d'acteurs qui refusent de quitter la scène (Je disgresse, à ne jamais jamais faire dans un scénario, mais ici I do as I goddam please).

Dans un coin près des acacias en fleurs, une blonde dans une petite robe noire termine son verre en regardant les autres. Elle regarde une femme splendide aux doigts bagués d'ivoire qui rejette ses cheveux en arrière avec la même provocation que si elle faisait un strip tease.
Elle regarde le ballet des serveurs, qui vont et viennent en glissant sur le plancher, les bras chargés de salciccia, de vin, d'olives. Que des hommes. Elle regarde le pianiste au dos courbé sur un Steinway qui a souffert de l'humidité. Elle regarde les doigts du pianiste qui ont une vie totalement indépendante de leur propriétaire. Elle regarde la jeune mafia locale qui vient d'arriver, arrogante et joyeuse. Elle écoute les conversations qui pétaradent, en lunfardo, ce mélange d'espagnol et d'italien que parlent les portenos, ceux qui vivent à Buenos Aires.

Un homme s'approche d'elle. Cinquante ans, une tête à la Vittorio Gasman. Il fume un cigarillo. Il se présente, charmant, charmeur. Il est beau, pourtant il brise quelque chose. Il remarque son accent, lui demande de quelle province elle est? "Mendoza" (c'est faux, mais le vin y est meilleur qu'à Longueuil). Il lui demande ce qu'elle fait dans la vie?

"Hôtesse de l'air".

***

Au fil des années, il y a eu successivement joueuse de tennis, prof de français au Nunavut, veuve (ben quoi?), sommelière, secrétaire (on ne dit plus secrétaire, on dit assistante, l'assistante va quand même chercher le café), réceptionniste, recherchiste, neurochirurgienne (difficile, je ne recommande pas), preneuse de son, photographe, serveuse, pompière, mannequin, actrice. J'ai même été ministre.

Scénariste? Le moins souvent possible.

Mais, pourquoi me direz-vous?

Parce qu'à la seconde où on le dit on est faitte de chez faitte.

Les gens changent. De "voyeur" on passe à "vu".

The horror, the horror.

Moins que ces pauvres acteurs qui dès qu'ils sortent de leur cercle se font regarder comme des chimpanzés en train de manger la banane avec la peau. Mais quand même.

Mais là où l'acteur cherche sa lumière, le scénariste est par nature animal de l'ombre, anxieux, angoissé, solitaire et parfois même franchement chicken.

Oui mais Lesbienne Farouche me direz-vous? Elle aime pas la lumière, elle? On va s'entendre, sa mère a dû caler du speed avec du Jack Daniels pendant sa grossesse.

Je le dis pas parce que je veux éviter le beau-frère qui tiens absolument à me conter sa vie (né à Drummondville, parti de rien, monté à la force du poignet, chez Pare tous les midis, vous connaissez la suite) sûr que ça peut faire une série, un grand film, "Je vois Roy là dedans". Ben oui. Sure.

Je veux éviter le paranoïaque coké qui me sort; "moi, j'ai une ostie d'histoire à te conter mais je te la dis pas, tu pourrais me la voler". On s'en reparle demain matin ? Je travaille mieux très tôt, disons 7 heures?

Je veux éviter le faux sincère; "j'aimerais ça que tu lises mon texte et que tu me dises vraiment ce que t'en penses". Eh, oh! Je suis blonde pas albinos. Vous en connaissez vous des gens qui disent vraiment ce qu'ils pensent et qui ont encore des amis? Pas moi.

Je veux éviter le très abstrait; "J'ai une idée de film". Traduction libre, "toi tu écris les 120 pages qui vont trouver du financement mais l'auteur c'est moi parce que c'est moi qui a eu l'IDÉE". Ouais, moi j'en ai quinze par jours des idées. Connaissez le dicton 10% d'inspiration, 90% de transpiration"? Voilà. La chose la plus facile au monde, c'est d'avoir des idées. Surtout couché dans hamac avec un pichet de Ricard bien frais. La plus difficile, c'est de les mener à bon port. Surtout après le Ricard.

Sur quoi je travaille? Oh sur rien. Je suis supertistieuse. Si j'en parle, je le fais pas.

Plate je vous dis. Une vie de moine. Je fuis les tapis rouges, les premières, les flashs. J'haiiiis ça pour mourir. Et si on m'y oblige, je passe la soirée derrière une plante verte à regarder le petit brun manoeuvrer pour mettre la grande rousse dans son lit avant minuit. Ou à interwier le barman sur son vécu d'immigrant illégal.

Je vis cachée parce que rien n'est plus pénible que de devoir expliquer ce qu'on ne comprend pas soi-même. Je sais pas pourquoi j'écris. Je sais pas "comment on fait". Je sais pas si ça s'enseigne (je crois pas, en fait j'espère que non). Je sais pas comment il est dans la "vraie" vie Patrick Huard.

Je ne sais pas. C'est comme le paradis ou le caramel au centre de la Caramilk. Des fois, vaut mieux ne pas savoir. Ignorance is bliss. Tout ce que je sais, c'est qu'avec une plante verte, je me sens plus en sécurité.

Ça nous fait une belle jambe, hein?

Allez, bonne fin de semaine, il me reste un épisode à finir pour lundi et je n'ai AUCUNE idée de ce que je vais y mettre.



jeudi, juin 08, 2006

SECTION VERTE ou l'art de récupérer les perles pour les mettre à mon collier

Je fais un métier écologique. Rien ne se perd, tout est recyclable, surtout les matières les plus corrosives.

Assisté à une magnifique scène de ménage sur le mode "haiku" à la réception d'un mariage décadent. Une très belle femme à la cinquantaine (bon, disons soixante mais l'air de Ville Mont Royal préserve la peau) aussi médiatique que glaciale picosse son assiette et regarde ailleurs, tentant d'échapper aux propos éthyliques de son mari qui se répand sur ces hommes qui refont leurs vies avec des filles beaucoup plus jeunes.

Il a l'air indigné.

Personne n'est dupe. Surtout pas sa femme.

Quand il se tait enfin cinq secondes, elle se tourne vers les autres convives de la table avec un sourire digne d'Hannibal quand il parle de son foie au Chianti. Et elle porte un toast.

"Le bonheur conjugal est dans l'impuissance".


Laissez moi vous dire que j'ai encore des croûtes à manger avant de penser à un truc pareil toute seule. Ça force l'humilité de la scénariste...

Cela dit, ne vous étonnez pas d'entendre cette réplique quelque part un jour...

mercredi, juin 07, 2006

Mon homme... ou l'art de la solidarité scénaristique

J'ai une collègue amie.

Une camarade de tranchée si vous voulez. On ne se voit à peu près que pour parler boulot. Mais comme c'est un boulot qui habite à peu près toutes les cellules disponibles de nos corps, je crois que je peux affirmer sans me tromper que c'est une amie INTIME.

Nous nous sommes connues sur une série où le script éditeur était un fou mégalomane au talent inversement proportionnel à l'égo. Nous l'avions surnommé Pol Pot le Gourou. L'art de décimer ses troupes, il le possédait à merveille, et en une saison, il avait eu raison de tous ses auteurs, sauf deux. Elle. Et moi.

C'est comme avoir fait le Viet Nam ensemble. Ça créer des liens.

Nous naviguons dans des univers fondamentalement différents. Elle, c'est une spécialiste de l'humour noir sanglant à la Fargo, du spleen masculin et de la testostérone de haut niveau.

Moi, je cherche encore ma spécialité. Comme m'a dit un orienteur en secondaire trois: "je te vois dans rien, tu t'intéresses à trop de choses". À 14 ans, j'en avais sangloté une shot. Même pas majeure et déjà un échec.

Aujourd'hui, je suis payée pour écrire des personnages de tatas comme lui. Je n'abuse pas des personnages de tatas mais mettons que quand j'en ai besoin, la vengeance est douce au coeur de l'indienne.

Back to ma chum scénariste. Rien ne l'inspire plus qu'un capitaine de police quinquagénaire qui fume trop et qui trompe sa femme. Elle est dans une taverne comme un pirahna dans un bocal de poissons rouges, en extase. Écrire le grand mystère de la psychée masculine, c'est son dada, son talent, sa force.

Je l'appelle "mon homme".

Ce que nous devons justifier en public. "non, mon homme n'est pas ma blonde puisque mon homme est la blonde d'un autre homme".

Il y a deux semaines, j'étais coincée sur un début d'épisode. La montagne me semblait himalayenne et me coucher en boule en espérant que ça s'en aille me paraissait la solution idéale.

Ce n'était pas l'avis de mon producteur. Qui a la sensibilité d'un taureau chaque fois qu'on agite le drapeau rouge de la vulnérabilité devant son oeil torve.

Que faire?

J'ai appelé mon homme. Ici, suit une déchirante complainte existentielle sur le métier d'auteur que je résumerais par "pourquoooooua?"

C'est là qu'on voit si une amitié est solide. Mon homme m'a donné de la marde. Amicalement mais avec un certain enthousiasme.

Pourquoi?

"Parce que t'as signé et qu'il est trop tard. Parce que t'es payée pour. Parce que c'est ton métier et que tu sais rien faire d'autre (he ho, je sais faire l'osso bucco aussi mais ça paye pas l'hypothèque). Mets le meter, réfléchit pas, fonce. Je t'appelle à cinq heures, t'es mieux d'avoir fini pis la prochaine fois que je suis dans marde, crie moi des noms".

Garanti mon homme, garanti.

mardi, juin 06, 2006

Service après vente

Signer un contrat, c'est toujours exaltant parce que, pour une fois, tout ce qu'on te demande c'est vraiment ton nom en lettres attachées.

C'est après que ça se corse. Comme là, je passerais bien la journée à bloguer légèrement sur les flots bleus de l'été.

Mais j'ai deux blocs à écrire.

DEUX!


WTFIT (simplification du célèbre what the fuck is that)? Un bloc, c'est une partie scénarisée entre deux annonces.

Par exemple, votre téléroman préféré commence. Petite musique qui gosse. Générique. Première scène. Bla bla and so on pendant une petite dizaines de scènes. Vas y que je te monte la tension jusqu'à créer un suspens intolérable. Va-t-elle coucher avec le docteur Chicoine (ou le chien du docteur Chicoine selon que vous êtes dans Virginie ou dans les Bougons)?

CUT TO

Annonce de Chrysler, Cotonnelle, Uniprix et tutti quanti. Vous allez chercher une autre Hagen Dasz, vous dites à votre chum que sa mère a appelé (deux heures plus tard dans les maritimes mais mieux vaut tard que jamais hein), et si vous faites vite, vous pouvez même vous rendre aux toilettes et nourir le chat pour pas qu'il vous réveille à quatre heures du mat' parce qu'il a faim.

Ça recommence, ça recommence!

Ici, on peut faire durer le "couchera-t-y, couchera-t-y pas", ça demande de la souplesse et de beaucoup d'entrainement. Ou on peut casser tout ses oeufs d'un coup en faisant un scène torride entre deux acteurs qui s'haïssent et qui font semblant de se désirer comme c'est pas parmis.

Et alors, alors, quoi? Mais oui, il faut aller à la seconde pause en "toppant" le suspens de la première!

C'est pourquoi je dois vous laisser... J'ai une mission dans la vie, rendre vos soirées intolérables.

lundi, juin 05, 2006

Amiga Rubia

Je n'ai que des amies qui s'appellent Marie.

Marie Première, Marie Deuxième, Marie Troisième et Marie Quatre Poches, dite Hermanita.

Veuillez noter que je ne les ai pas mise en ordre de préférence. Je n'ai pas assez le sens de l'ordre pour ça.

Celle-là doit faire dans les 200 de Q.I...

La première fois que j'ai fait sa connaissance, c'était dans une estancia aux fins fonds d'une pampa argentine. On travaillait sur le même film. Le soir même, elle flambait un espèce d'anaconda monstrueux dans un tronc d'arbre comme si ça avait été un vulgaire marshmallow. Les gars de la production, ceux qui adoooorent faire les jokes de blonde, ont reculé prudemment, entre l'admiration et la terreur. À ce jour, je me demande encore s'ils n'ont pas été plus terrorisés par la blonde intrépide dompteuse d'anaconda que par le serpent lui-même?!

Je l'ai aimée tout de suite. Hermanita!

Elle est venue vivre à Montréal, est repartie pour New-York, est passée par Paris, a eu quelques amants et deux maris avant de s'établir sur les bords du Pacifique. Elle vit maintenant à Los Angeles où elle monte les films d'un certain Mel... Elle me régale de potins aussi monstrueux que l'anaconda, a épousé (pour de bon) Peeetahh, donné naissance à Clara entre un film d'horreur et un film d'auteur et prend l'avion pour venir me voir comme on prend un taxi.

Elle parle l'espagnol, le portugais, l'anglais et le français. À la perfection. Une bol je vous dis.

Blonde de partout

You bet.

Il fut un temps, dans une vie antérieure, où j'étais en charge de la section 2 du très chic Truck Stop de MacMasterville, P.Q. J'opérais le shift minuit-huit heures du mat'. J'avais les motards, les ados qui partagent une frite à quatre et vident le vinaigre dans le sucrier et les camionneurs du "deux oeufs tournés bacon deux refills de café". J'avais des patrons grecs. Le cook hellène n'est pas réputés pour sa délicatesses envers les femmes. Les tentatives de viol sur le smoked meat de la chambre froide n'étaient pas rares.

Tout ça pour vous dire que les jokes de blondes, je les ai toutes entendues et que dans le contexte, c'était le moindre de mes soucis.

Garder ma job tout en resistant au Big Boss était passablement plus préoccupant. Un jour que le Big Boss était particulièrement en forme envers moi, un Hell's s'est levé et est venu l'engueuler avec beaucoup de verdeur , prenant ma défense devant tout le restaurant. À quatre heures du matin dans une place pleine de faces blêmes qui ont abusé de bière tiède et de mauvaise vodka et éclairée de ce néon si flatteur pour l'acné, ça avait un certain charme.

Mon prince tatoué m'a laissé $50.00 de tip pour un all dressed, coke, patate. Et la chaude recommandation de ne pas me laisser faire.

La seconde où mon Gentil Hell's est parti, Ze Boss s'est vengé avec une hargne à la hauteur de son humiliation, me squizant dans la toilette des employés (fallait vouloir, vu l'état de la toilette).

J'ai suivi le conseil de mon nouvel ami. Je me suis bien battue, ses couilles en ont certainement eue pour une semaine à s'en remettre. Je ne l'ai jamais su, le lendemain, j'étais renvoyée.

Et il m'avait piqué mon $50.00 ...

Je suis depuis, incapable de fréquenter une place à souvlaki et j'ai une certaine mansuétude pour Mom et ses camarades de jeu. Que voulez-vous, la femme est faite d'émotion. Et la femme blonde, encore plus.

Si c'est mieux dans le merveileux monde de la télévision?


Nah. Ils sont juste un peu plus doués pour faire semblant d'être évolués.

PROFESSION; SCÉNARISTE

C'est écrit sur mon passeport.

C'est écrit sur ma déclaration de revenus.

Mon agent m'appelle régulièrement pour me parler de gens qui conduisent des Mercedes, possèdent des maisons de campagne et qui sont prêts à payer pour que j'écrive autre chose que mon nom en lettres attachées (more on that later).

Je suis comme St-Thomas, j'ai besoin de preuves.

Si c'est écrit, ça doit être vrai.

Pour ceux qui croient encore que c'est une profession glam et intello, passez go. C'est une job de kamikaze, de fou furieux, de loners excentriques, de bipolaires prédisposés à la crise cardiaque en bas âge, de marginaux déviants.

C'est la job qui se rapproche le plus de celle de boxeur.

Monter dans un ring ou écrire un scénario, c'est exactement la même chose. Quand vient le moment de vérité, t'es tout seul avec ton combat.

Pour le boxeur, c'est l'autre. Pour le scénariste, c'est le texte.

Il faut être en shape. S'entrainer. Bien manger. Se coucher tôt. Se concentrer. N'attendre rien de personne.

Quand t'as de la chance, t'as un bon coach, un bon soigneur. Quand t'as de la chance.

Il y a toujours un Don King dans le décors qui va faire des million de plus que toi avec ton combat, tes poings, tes plaies.

Le même trac au moment d''y aller, la même solitude parfois insoutenable, la même exaltation du corps qui prend le dessus sur la peur, le même public qui vient chercher son thrill à regarder un autre risquer sa vie à sa place.

Les mêmes tab' de gérants d'estrade...

Pourquoi on le fait? Pour la même raison que les boxeurs.

Pour gagner.

samedi, juin 03, 2006

Mise en garde

Règlons une chose tout de suite. Oui, c'est ma vraie couleur et aucun doigts de coloriste n'a foulé le pied de mes racines.

Il y a des avantages. Des gros.

Il y a des inconvénients. Des gros aussi.

Si ça affecte la teneur en cellules grises de mon cerveau? Oui, un peu. Thank god!


Je n'ai pas choisi de vivre en blonde mais comme disent les anglais; "if life gives you lemon, make lemonade".